Réduire encore la dépense des opérateurs de la France qui agissent à l’international ? Pour moi, c’est non. Il faut en finir avec les coupes budgétaires opérées à l’aveugle par tant de gouvernements depuis trente ans qui n’ont obtenu que de très faibles économies, ponctuelles et non structurelles.
Aujourd’hui, la politique d’influence française dans le monde n’a plus besoin de « rabot », mais d’une clef à molette ! Prenons le temps, et sanctuarisons les moyens présents, pour transformer et renforcer notre influence dans le chaos du monde : la voix de la France, la vraie, c’est celle de la solidarité avec les pays les plus pauvres, c’est celle de l’éducation d’excellence, c’est celle d’un journalisme libre et responsable, c’est celle d’une francophonie plurielle.
Aujourd’hui une dizaine d’opérateurs (CNED, Campus France, France Média Monde, Arte, Agence pour l’enseignement français à l’étranger…) dépendent financièrement de cinq ministères (Éducation nationale, Enseignement supérieur, Culture, Économie, Affaires étrangères) et consomment peu d’argent de l’État au regard de leur efficacité « métier » et de notre influence dans le monde : 2 à 3 milliards d’euros par an.
Ces opérateurs ont un grand besoin aujourd’hui de stabilité et de visibilité. Des coupes dans leur budget contraindraient certains d’entre eux à abandonner purement et simplement et pour de longues années, certaines régions du monde et des projets innovants, décisifs à moyen terme sur le plan diplomatique ou humanitaire : reconstruction et francophonie au Liban, RFI en ukrainien en cours de développement à Bucarest, mobilités d’artistes dans les zones de guerre, formation des professeurs de français dans le monde, etc.
Depuis plusieurs années, en tant que rapporteur budgétaire pour avis de la diplomatie culturelle et d’influence, j’alerte sur la nécessité d’insuffler davantage de cohérence entre tous ces opérateurs. Trois au moins de ces opérateurs travaillent à la formation des professeurs « de » français ou « en » français dans le monde ; ils ne sont pas assez coordonnés entre eux sur le plan opérationnel, ni avec les nombreux partenaires institutionnels ou associatifs locaux, dans les pays visés. Avec le même argent public, en le garantissant pour deux ou trois ans, nous pourrions multiplier notre efficacité par trois ou quatre.
Alors quelle place voulons-nous occuper dans le monde ? C’est bien à cette question qu’il faudra répondre en adoptant le budget 2025.