Mes chères concitoyennes, chers concitoyens,
Ces dernières semaines, nous avons assisté à la construction du budget de la nation dans une ambiance délétère.
La discussion budgétaire de ces derniers jours a donné une image affligeante du parlement. Je le déplore. Dans le florilège des propositions lunaires, en voici quelques-unes.
Un RN exigeant qu’on réduise l’aide publique au développement (APD), au prétexte qu’il faut « s’occuper des Français » en priorité, tout en regrettant le recul de l’influence française en Afrique. Incompréhensible !
Des Socialistes proposant une motion de « rejet du débat » sur la loi de finance, considérant que l’Assemblée nationale n’est pas concernée par le budget de la nation et la levée de l’impôt, et doit travailler sur autre chose. Surréaliste !
Les Insoumis donnant des leçons de vocabulaire en renommant les cotisations sociales « salaires différés » ; c’est non seulement faux, mais contre l’esprit de la solidarité de notre système social : les cotisations sociales d’aujourd’hui paient les prestations sociales (maladie, chômage, retraite) d’aujourd’hui. Personne ne cotise « pour plus tard » ou pour soi-même ; ça c’est le système par capitalisation, des fonds de pensions… que les mêmes Insoumis honnissent.
Dans ce contexte délétère, le plus inquiétant n’est pas le fractionnement de l’Assemblée nationale. En effet, la diversité des opinions peut aujourd’hui s’exprimer dans onze groupes constitués ; chaque groupe a droit au même temps indivisible de parole, aux mêmes outils de suspension et d’intervention en commission et en hémicycle, mais cela correspond sans doute à la richesse de la société française. Il est donc logique que cette diversité soit présente à l’Assemblée nationale.
En revanche, l’appauvrissement assez général des débats m’inquiète davantage. Non seulement, ils se perdent dans des postures simplistes, mais finissent souvent par des propos qui n’ont plus de sens politique, un « gloubi-boulga » incompréhensible pour les citoyens. Les débats se résument à des chocs de slogans qui n’ont plus rien à voir avec la réalité des textes étudiés, ni avec le travail que devraient approfondir les députés. Et surtout, ils n’ont plus rien à voir avec la recherche patiente et documentée de l’intérêt supérieur de notre nation.
Le démocrate que je reste se console un peu par le fait que l’opinion publique ne s’est jamais autant intéressée à la construction d’un budget. Serait-il possible que la recherche de la sagesse et de l’efficacité des dépenses publiques commence à faire son chemin ?
L’affaiblissement de l’Assemblée nationale, dans une indifférence coupable, est pourtant lourde de menaces.