Donald Trump a promis de terminer la guerre d’Ukraine en 24 heures, puis en 48 heures, désormais en 6 mois ou en 100 jours… ces contradictions ont peu d’importance pour lui. Trump est un transactionnel, capable de multiplier les « deals », enchevêtrés, voire contradictoires. Or, le grand problème du règlement des conflits par des « deals », même quand ils peuvent être acceptés par les parties concernées, est que le résultat ne s’inscrit pas dans le droit international. Les questions de droit, de respect des valeurs universelles, de sécurité à long terme et de reconnaissance par la communauté internationale, sont tout simplement mises sous le tapis.
Dans le cas de l’Ukraine, la nouvelle administration américaine ne s’embarrassera certainement pas d’exiger de la Fédération de Russie le retrait de sa réforme constitutionnelle qui annexe des territoires ukrainiens. Elle ne s’embarrassera pas plus du statut des populations « nettoyées » ou déportées des territoires de Crimée ou d’une partie du Donbass et des très nombreux crimes de guerre commis par l’armée russe.
Quels que soient les rapports de force, la France et l’Union européenne devront prendre la parole pour rappeler que nos valeurs et nos intérêts ne sont pas du « blabla » : malgré les imperfections et les hoquets de l’Histoire, elles s’inscrivent dans l’effort ancestral de l’humanité de relever ses défis globaux et d’éviter de s’autodétruire. Concéder des territoires, renoncer à l’adhésion à l’OTAN, démilitariser une partie de leur territoire et remplacer le gouvernement en place : la Russie exige de l’Ukraine des conditions que ni les Ukrainiens, ni les Européens ne peuvent accepter, sauf à reconnaître que nous n’avons rien appris des invasions russes de 2014 et de 2022 et que nous restons aveugles sur les ambitions impérialistes du Kremlin.
Donald Trump aime le jeu et il est à craindre que ses futures décisions ne reposent pas sur une vision ou des valeurs ; sur la prise en compte des générations futures et la solidarité intergénérationnelle; sur la recherche patiente et séculaire de la diplomatie de structurer les rapports internationaux. L’exemple récent du Groenland est éclairant : le président américain souhaite « dealer » son annexion avec le Danemark, seul, alors même qu’il devrait formellement actionner l’article 42(7) du Traité de l’Union si le Groenland est menacé par les armes. Dealer n’est pas capituler.