Dans les pays de ma circonscription, une majorité absolue au parlement pour un seul parti est non seulement inenvisageable, mais serait considérée comme une situation dangereuse. Les discussions budgétaires des deux derniers exercices à l’Assemblée nationale me semblent donc biaisées par des malentendus institutionnels, et particulièrement frustrantes. Ainsi, le 49.3 que beaucoup caricaturent pourrait être aujourd’hui un outil efficace de médiation entre les députés de bonne volonté.
Le débat budgétaire peine à éviter l’enlisement, malgré quelques améliorations : décibels en baisse, débats par moment moins caricaturaux et moins caricaturés, questions citoyennes, discussions transpartisanes et ouvertes… Au fil d’amendements décousus, parfois contradictoires, votés par des alliances incongrues, la vision d’ensemble d’un budget solide à défaut de plaire à tout le monde, s’éloigne, derrière de soi-disant « victoires » mises en scènes, dont certains reconnaissent eux-mêmes en coulisse la vacuité.
Certaines règles de notre Assemblée, peu adaptées à ce travail de compromis, parfois incompréhensibles, laissent donc filer un texte fourre-tout, sédimenté, constitué de bric de broc, parfois illogique, émaillé d’OVNI parlementaires (Objets Votés Non Identifiés).
Pourtant, dans ce parlement que notre Nation s’est donné en 2024, une majorité absolue de parlementaires responsables, serait en mesure d’imposer un budget de compromis aux deux extrêmes de l’hémicycle.
Malgré cette majorité latente, comptable et identifiée, aucun d’entre nous, même parmi les plus ardents partisans du compromis et de l’intérêt général, n’est prêt à voter ce texte brouillon et sans logique. Mais ne pas voter ce texte serait pire : un budget par ordonnances, ou une loi spéciale, conduirait à un blocage plus grave pour tous et chacun, et laisserait les Français sans réponse.
J’appelle donc à la raison : mettons en place un groupe de travail d’une dizaine de commissaires aux finances, qui écriront le texte de la loi de finance 2026, basé sur les grands accords de départ (suspension des retraites, effort proportionné des plus aisés, réduction des dépenses, déficit réduit), en intégrant les débats sérieux qui ont eu lieu en hémicycle, et les amendements de compromis à défaut de consensus.
Délivrons le Premier ministre de sa promesse de ne pas utiliser le 49.3, à la stricte condition qu’il engage sa responsabilité sur notre texte commun. Cela permettrait à certains d’entre nous de ne pas se « compromettre dans le compromis », et d’obtenir un budget qui représente la meilleure moyenne entre les différentes familles politiques de notre pays, représentées à l’Assemblée nationale.
Et surtout, le budget serait vraiment celui du parlement !
Nous avons le temps pour le faire.
Nous avons majoritairement la volonté de le faire.
Et nous avons surtout, la capacité d’intelligence collective pour le faire.
C’est une solution à la fois politique et technique pour répondre aujourd’hui à ce que l’écrasante majorité de nos concitoyens, surtout les plus actifs et les plus engagés, attendent de nous pour notre pays.





