La crise politique ouverte la semaine dernière en Allemagne par la décision du chancelier Olaf Scholz de limoger son ministre des Finances, le libéral Christian Lindner, est l’occasion de saisir un nouveau moment européen.
C’est dans cet esprit qu’il nous faut accueillir la fin de la coalition allemande : arrêter de « faire semblant » d’être d’accord et regarder la réalité en face : comment engager une véritable Zeitenwende, une redirection générale des politiques, en particulier sur le plan militaire et économique, sans fracturer le dialogue et la cohésion sociale, et sans prendre un risque financier pour l’Union européenne ?
Seules nos démocraties sont en mesure de relever les défis du XXIème siècle. Pourtant, comment ne pas douter face à cette lame de fond populiste incarnée par des hommes comme Trump, Orban et d’autres ? Face à ces mouvements illibéraux qui gangrènent l’État de droit, altèrent le rapport des citoyens à la vérité ou à l’information, nos démocraties semblent bien fragiles.
Aux Etats-Unis, en Allemagne et en France, les camps démocrates semblent aujourd’hui impuissants à freiner la montée de l’individualisme et son corollaire, le nationalisme dans lequel tout ce qui est étranger devient hostile. Face à cette réalité, nous démocrates européens, devrons toujours opposer le droit à la force ; au chaos des démagogues nous devons opposer la volonté et en accepter les risques électoraux.
En Allemagne comme en France, le choix européen reste largement majoritaire. Nos amis polonais viennent eux aussi, comme rarement auparavant, d’appeler l’Union européenne à se prendre en main sans « déléguer », ni sa sécurité, ni sa souveraineté.
Malgré les risques et les tensions avec une partie de nos opinions publiques, nous devons prendre l’initiative maintenant et annoncer ce que nous voulons, ce que nous sommes prêts à défendre. Sur les enjeux en Ukraine, sur la guerre commerciale, sur le climat, nous ne sommes pas condamnés à subir les décisions intempestives et erratiques de M. Trump.
Nous avons 70 jours pour engager ce changement stratégique, avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. En démocrates européens, prenons dès maintenant notre destin en main !