À travers la frappe nucléaire à blanc de la semaine dernière, et comme à plusieurs reprises depuis le début de la guerre d’Ukraine en 2014, le Kremlin tente d’impressionner, tétaniser et diviser les Européens. En orchestrant l’escalade des menaces, Poutine parie sur le fait que la diversité prendra le pas sur l’unité des pays européens.
Avec Trump à la Maison Blanche, il joue également les divisions au sein de l’OTAN. C’est pourtant faire peu de cas de l’engagement des pays européens dans une communauté de destin. C’est oublier surtout que ces derniers se doivent mutuellement protection et assistance. Or, en menaçant les pays européens, Poutine vise certes l’OTAN mais plus encore, ‘Union européenne.
L’article 42-7 du Traité de l’Union européenne engage, en effet, les 27 pays signataires à porter une assistance tant civile que militaire, « par tous les moyens », en cas d’agression armée extérieure de l’un des États membres. Peu connu, cet article se révèle pourtant plus puissant que l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord aujourd’hui.
Les menaces qui pèsent sur l’Europe et son élargissement avec la reconnaissance de neuf pays candidats à l’adhésion, doivent nous conduire aujourd’hui à adresser un message clair au reste du monde : la ratification de l’article 42-7 pourrait intervenir beaucoup plus tôt dans le mécanisme d’adhésion, dès les premières procédures, par des ratifications croisées des parlements de chaque État membre ou candidat. L’Ukraine pourrait ainsi décider de se mettre sous la protection de l’article 42-7 du Traité de l’UE plutôt que sous l’article 5 de l’OTAN, totem ultime du Kremlin.
Cette décision nous rendrait collectivement beaucoup plus solides. Elargir cette solidarité civile et militaire des États membres aux pays candidats rappellerait le patient travail des démocraties européennes qui ont posé les jalons de cette défense commune dans leurs traités, y compris de sa relation privilégiée avec l’OTAN depuis 2003, avec les membres de l’OTAN n’étant pas membres de l’UE, mais également, et c’est important, avec les membres de l’UE qui ne sont pas parties prenantes a L’OTAN.
Les rodomontades de Vladimir Poutine n’y pourront rien. L’architecture de sécurité européenne à laquelle il s’attaque est bien plus ancienne, plus solide et plus fiable qu’il ne l’imagine. Certes, elle ne fait pas la Une des médias et encore moins le buzz sur les réseaux sociaux, mais elle surpasse de loin son rêve eurasien. Les dirigeants européens n’ont pas besoin de se mettre en scène dans un bunker pour s’en convaincre.