En Géorgie ces derniers jours, les autorités ont tout simplement « lâché les chiens ». De nombreux témoins rapportent des agressions arbitraires, aveugles, par des personnes masquées, non identifiées et armées, sans doute étrangères.
Comme au Bélarus en 2020, le pouvoir en place accentue la violence et la répression pour décourager les manifestants et leur légitime revendication : de nouvelles élections justes et équitables. Il table sur les hésitations des Européens et le fait que l’Union européenne finira par détourner le regard, provoquant ainsi le départ de milliers de Géorgiens.
Au-delà de ceux qui manifestent ces derniers jours en Géorgie, de nombreux cadres de l’administration, du ministère de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de la Justice ont démissionné parce qu’ils ne veulent plus servir ce régime cynique et brutal.
Rappelons qu’à la fraude électorale avérée s’est ajouté, dans le cas de la Géorgie, le mensonge électoral. Le parti « Rêve Géorgien » au pouvoir, a consciencieusement fait campagne pour l’entrée dans l’Union européenne, revendiquant, pour se démarquer du message simple et clair de ses opposants, vouloir adhérer « dans la dignité et la paix ». Comment en aurait-il été autrement: le pouvoir se savait face à une opinion publique à 80 % pro-européenne… Il a fallu un peu plus d’une semaine pour sortir brutalement du « rêve », et annoncer la suspension des procédures de candidature du pays.
Laisser s’installer aujourd’hui en Géorgie un scénario semblable à celui du Bélarus, c’est prendre le risque de se retrouver face à une nouvelle « zone grise » aux portes de l’Europe. Se satisfaire d’un conflit gelé dans ce pays, au nom de la paix ou de la non-ingérence, c’est assurément se préparer au retour de la guerre dans cinq, dix ou vingt ans.
Bosnie-Herzégovine, Bélarus, Proche-Orient… toutes ces « zones grises » dans le monde doivent interpeller les démocrates sincères que nous sommes. Elles ne sont pas que des péripéties de l’histoire mais relèvent du défi existentiel pour nos démocraties.
La seule solution acceptable en Géorgie est d’exiger la reprise à zéro du processus électoral, sous le contrôle renforcé de la communauté internationale. Toute autre décision serait une démission face à la progression des pouvoirs mafieux et l’extension des « zones grises » à nos frontières.