Les migrations relèvent d’un enjeu mondial et diplomatique. Traiter ce sujet uniquement à travers le prisme de son impact sur notre sol ne permet pas d’y remédier. C’est en termes d’ordre public, de rétablissement des objectifs de respect des personnes et de la ferme application des règles communes qu’il nous faut agir.
Les chiffres comme les faits sont têtus. Pour ce qui est des migrations internationales, ils sont connus et précis. Au niveau mondial, près de 300 millions de personnes vivent dans un autre pays que celui de leur naissance. L’Union européenne (près de 500 millions d’habitants) a été, quant à elle, façonnée depuis la préhistoire par des migrations, des déplacements de peuples, de cultures et de langues : avancée des Néandertaliens vers l’Ouest, invasions asiatiques (Scythes, Alains, Huns, Bulgares…), déplacements internes (Magyars, Saxons, Bretons, Normands…), et mouvements venus de la Méditerranée. La France, enfin, accueille chaque année en moyenne 125 000 nouveaux immigrants, un nombre à mettre en regard de la population totale française, soit plus de 68 millions de personnes.
Dès lors, pourquoi l’accueil et l’intégration d’une population additionnelle d’environ 10 % de la population française en 60 années devient-elle une question présentée de façon existentielle par une partie de l’opinion française ? Pourquoi 100 000 ou 200 000 clandestins, dont beaucoup travaillent, cristallisent-ils le débat public quand notre objectif affiché est d’accueillir 500 000 étudiants étrangers chaque année ?
Ce qui fatigue nos concitoyens et détricotent les relations avec nos voisins européens, ce sont les zones sans droit aux portes et même au cœur de nos villes, les personnes déracinées et abandonnées, voire atteintes de maladies psychologiques et hors de contrôle. Ce qui irrite, ce sont les injustices, les décisions non appliquées ou mal appliquées, les absurdités administratives. Ce qui inquiète, ce sont les délinquants peu ou mal détectés et punis (passeurs, dealers, profiteurs en tout genre…).
La question de la régularisation ou non de ceux qui travaillent et paient leurs cotisations, de l’intégration dans notre projet national des deuxièmes et troisièmes générations d’immigrés, de l’égalité entre les femmes et les hommes… ces sujets n’ont rien à voir avec l’énorme phénomène des « migrations mondiales », mais plus prosaïquement avec l’efficacité de nos politiques nationales et de nos administrations.
Les politiques de rétablissement de l’ordre public sur notre territoire doivent être mises en œuvre sans idéologie, sans récupération et sans fantasme. L’ordre public en France ne dépend que de nous.