Le président de la République, Emmanuel Macron, réunit aujourd’hui à Paris, des chefs d’État européens, pour évoquer le rôle des Européens dans l’issue du conflit en Ukraine. Ainsi, il affirme que seul le travail commun, notre réarmement, notre proposition d’une garantie de sécurité fiable pour l’Ukraine imposeront les Européens à la table des négociations. Cette réunion importante intervient au lendemain de la conférence sur la sécurité en Europe qui s’est tenue ce week-end à Munich.
À Munich, le vice-président américain, James David Vance a évoqué « nos valeurs communes ». Son discours glaçant a reçu un accueil glacé. Il était tout simplement inapproprié : pas un mot sur l’Ukraine, sur l’agression militaire russe, sur les menaces sécuritaires, thème pourtant central de la conférence.
Non, M. Vance ! Cent fois non ! Les valeurs communes de l’Union européenne, ce sont des citoyens éclairés et responsables, pas des électeurs abreuvés de tweets votant aveuglément pour qu’un oligarque populiste règlent leurs problèmes et ceux du monde. Nos valeurs communes en Europe sont fondées sur la séparation des pouvoirs, l’égalité des droits entre petites nations et « poids lourds », entre ceux dotés de l’arme nucléaire (France, Royaume Uni) et leurs alliés ; entre les puissances économiques, et les régions en retard (cf. fonds de cohésion et convergence économique), etc. L’UE, c’est la force du droit, pas le droit du plus fort !
Certes, depuis la fin de la guerre froide, l’Union européenne vit sur ses acquis. Elle n’a pas relevé tous les défis à la vitesse nécessaire et doit faire plus aujourd’hui pour sa propre sécurité. C’est loin d’être gagné, mais ce n’est pas perdu. L’envie de souveraineté stratégique est omniprésente en Europe, sa construction prendra du temps mais le constat est aujourd’hui totalement partagé.
Ce que j’ai entendu à Munich, en réponse au discours de M. Vance, c’est un « non » bien réel des Européens ; pas uniquement à la régression du droit international, au reniement des traités signés ou à la parole trahie. La conférence sur la sécurité à Munich a certainement sonné le glas d’une « confiance » européenne dans l’allié américain. Elle a précipité la prise de conscience des États de l’UE : désormais nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.
Ce « non » catégorique des Européens, c’est aussi une manière de mettre en garde son allié traditionnel devant les risques de blocages qui ne manqueront pas de se manifester tôt ou tard dans la société américaine. Céder au trumpisme, c’est menacer d’affaiblir cette grande démocratie qu’est l’Amérique. Pour toutes ces raisons et pour préserver nos vraies valeurs communes, je vous le répète M. Vance, pour nous, c’est « NON » !