Le déplacement du président de la République, Emmanuel Macron, à Prague, le 5 mars 2024, a connu un franc succès. Présent dans la délégation qui l’accompagnait, j’ai goûté le plaisir de voir mon message entendu. En effet, depuis mon élection en 2017, en tant que député des Français établis en Europe centrale et dans les Balkans, je n’ai eu de cesse d’appeler à une réorientation de la politique française envers les pays d’Europe centrale et orientale. Et, ce changement, opéré il y a quelques mois, depuis le discours de Bratislava, est très important et a déjà des effets concrets.
Vivant au cœur de cette région depuis plus de 20 ans, je voyais avec regret l’image et l’influence de la France se dégrader rapidement. Depuis les années 2000, ces pays reprochent principalement à la France sa relation avec la Russie. Or, notre volonté de voir la Russie arrêtée et défaite en Ukraine, exprimée beaucoup plus clairement depuis plusieurs mois, permet à la France de marquer des points dans cette région aujourd’hui. Cela ne remet pas en cause les tentatives d’Emmanuel Macron d’instaurer un dialogue avec Vladimir Poutine dès 2017.
Depuis de nombreuses années, les Centre-Européens ont l’impression qu’aux yeux de Paris, ils n’existent pas. Ils avaient l’impression que nous ne regardions pas et n’entendions pas les volontés des pays situés entre Berlin et Moscou. Impression certainement justifiée.
Côté français, je percevais également une frustration face à nos partenaires d’Europe centrale et orientale à qui nous reprochions des réflexes atlantistes (cf. le contrat des hélicoptères Caracal d’Airbus, cassé par la Pologne et son gouvernement PiS, pour se tourner vers les Etats-Unis) néfastes à la réalisation de l’autonomie stratégique européenne. Frustration certainement justifiée.
Mais, depuis le discours d’Emmanuel Macron à Bratislava en juin dernier, les paroles et mots forts de la France envers les pays d’Europe centrale, orientale et baltes ont fait mouche. Ces pays s’y montrent désormais très réceptifs, surtout l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Tchéquie. Le sursaut stratégique souhaité par la France est attendu dans ces pays.
À Prague le 5 mars, j’ai observé avec bonheur mes homologues parlementaires et représentants de la société civile tchèques exprimer leur accord total avec la position française et les projets français pour l’Europe. Que de chemin parcouru !
Ce rapprochement entre la France et ces pays est fondamental dans notre aide à l’Ukraine et pour anticiper un arrêt probable de l’aide américaine. Nucléaire, industrie militaire et coopérations culturelles, nous avons tant à gagner dans un rapprochement avec l’Europe centrale et orientale. Le projet européen aussi.