Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,
Notre avenir, celui de l’Union européenne toute entière, se joue dans les Balkans. La conviction profonde que je défends avec vigueur et persévérance depuis mon élection au parlement français est que l’Union européenne a autant besoin des Balkans pour affronter les défis majeurs du XXIème siècle que les Balkans ont besoin de nous pour assainir leurs institutions et assurer leur développement futur. Une fois de plus, le constat est là, évident. Comme disait Péguy, il faut toujours dire ce que l’on voit, mais, ce qui est plus difficile, il faut aussi voir ce que l’on voit…
Je reviens de Sarajevo avec mon collègue allemand, Gunther Krichbaum, membre comme moi de l’Assemblée parlementaire franco-allemande. Durant ce séjour de trois jours en Bosnie-Herzégovine, nous souhaitions affirmer la nécessité d’une approche franco-allemande concertée dans la démarche d’élargissement de l’Union européenne. Dans cette région où les brûlures de l’histoire sont encore vivaces, la coopération franco-allemande a assurément une portée symbolique forte. L’idée géniale des pères fondateurs de l’Union, selon laquelle on peut et on doit coopérer et construire la confiance avec nos ennemis « naturels » ou « historiques », doit s’affirmer dans cette région, et renforcer sa pertinence.
Nous souhaitions également affirmer que cette action concertée en franco-allemand n’est pas l’apanage des seuls gouvernements, mais qu’elle doit être portée également en interparlementaire et par les sociétés civiles. C’est dans ce format parlementaire, libre, transpartisan, que nous pourrons relever les défis et d’accélérer l’intégration européenne à laquelle la population aspire tant. En mettant le personnel politique de Bosnie-Herzégovine face à ses responsabilités.
Gunther Krichbaum et moi-même, accompagnés de Liliana Tanguy, députée du Finistère et originaire des Balkans, avons rencontré et débattu avec des élus bosniaques, bosno-croates, et bosno-serbes, mais aussi des membres de la société civile. Leur désir d’Europe est fort, très largement partagé, y compris la volonté de réconciliation pour affronter l’avenir de la région ensemble. Et ce, malgré les différences et le poids de l’histoire, parfois instrumentalisée par ceux qui ont intérêt au maintien du chaos et des conflits sanglants.
Lucides comme beaucoup de nos interlocuteurs, nous savons qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Nous le leur avons fait savoir et avons réaffirmé les exigences des Européens à voir les conditions préalables posées par l’UE (renforcement de l’État de droit, lutte contre la corruption et la criminalité organisée…) non seulement respectées par les autorités locales, mais portées et promues, dans l’intérêt des habitants de cette région pleine de richesses et d’atouts. C’est la condition pour que la Bosnie-Herzégovine puisse désormais se tourner vers l’avenir, et éviter de voir sa jeunesse s’exiler ailleurs en Europe, en quête d’un avenir meilleur.
Notre initiative a d’ailleurs fait mouche : nos ambassadeurs respectifs y ont vu une démarche innovante, en phase avec la réalité des citoyens du cœur de l’Europe : la présence dans cette région extraordinaire d’un espace commun, encore en germe certes, mais que nous devons tous contribuer à construire et à fortifier.
