Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,
Nous vivons trois moments importants : un moment Trump, un moment polonais et un moment franco-allemand. Et, si l’Himalaya se dresse toujours devant nous, l’horizon s’éclaircit. Profitons de ces moments pour prendre le contrepied du MAGA trumpien et opérons notre « Make Europe Great Again ».
Vingt-quatre heures après sa prise de fonction, il semble que le deal ukrainien apparaisse moins immédiat à Donald Trump. Nous ne savons toujours pas exactement laquelle des lignes portées par son administration sera suivie, ni quelle est la stabilité de cette administration surprenante et parfois hétéroclite. Nous commençons, en revanche, à comprendre que les annonces de campagnes ne sont pas des plans réellement arrêtés. Ce qui est sûr, c’est que Donald Trump aime les transactions, le « deal », et que cette vision des relations internationales menace toute idée d’universalisme. Elle constitue même une régression dans la construction patiente et humaniste du droit international. Or, nous n’accepterons pas, en tant qu’Européens, que ces valeurs soient mises sous le tapis à la faveur de transactions enchevêtrées.
Un moment polonais en Europe. Les récentes déclarations de l’autre Donald, Tusk celui-là, marquent le retour des dirigeants polonais dans la famille européenne, chère à une immense majorité de l’opinion publique de ce pays. La présidence polonaise de l’UE s’annonce donc comme un moment fort. Nous devons penser à nous, Européens : relancer notre industrie, affirmer notre souveraineté, déployer nos mécanismes de solidarité, pour exister et continuer à faire entendre notre voix, dans un monde de plus en plus chaotique. Ce moment polonais sera également marqué par la signature du traité de coopération entre nos deux pays, dont la signature, vraisemblablement à Nancy, est proche.
Enfin, malgré les péripéties entre nos deux démocraties, je persiste à croire à un moment franco-allemand. Les crises passagères seront salutaires, souhaitons-le, des deux côtés du Rhin. Un semblant d’apaisement est en cours à l’Assemblée nationale, où enfin, une majorité absolue de députés « de bonne volonté » se dit prête à coopérer. Le « reset » européen et industriel que la campagne anticipée permet à nos amis allemands, devrait par ailleurs nous permettre de retrouver dans quelques semaines un nouvel élan franco-allemand pour accompagner la mandature du Parlement européen et de la Commission récemment nommée.
Fragiles, sans doute menacés, nous le sommes, mais nous avons des atouts. Les enjeux sont plus clairs aujourd’hui, visibles et compréhensibles. Certes, il y aura confrontation et des efforts devront être consentis, mais nous pouvons en sortir grandis, plus stables et plus forts. Souverains.