Le 14 janvier dernier, le Premier ministre, François Bayrou, tenait son discours de politique générale devant la représentation nationale. Il annonçait trois priorités (conforter la démocratie, restaurer la confiance et refonder nos politiques publiques) et une méthode.
Parmi ces trois priorités, la refonte de l’action publique apparaît à la fois urgente et impérative. Urgente car la situation de notre pays au regard de son endettement et de son déficit excessif ne peut plus durer. Impérative, car elle est seule à permettre des gains en termes d’efficacité de l’action publique, au service du plus grand nombre.
La méthode du Premier ministre, il l’a dit, sera celle du Plan, celle qu’il a réhabilité en tant que Commissaire au Plan depuis 2020, et donc du long terme parce que “gouverner, c’est prévoir”.
Pour réaliser des économies sur nos dépenses publiques, chacun y va de sa proposition de rabot, à commencer par le Rassemblement national qui, dans son obsession anti-étrangers, n’a de cesse de réclamer la suppression de l’Aide médicale d’État (AME) ou encore de vouloir mettre les instituts français au régime minceur.
Pourtant, aucune économie, aussi urgente et nécessaire soit-elle, ne saurait faire l’impasse d’une réflexion de moyen et long-terme sur l’organisation de nos administrations et de nos opérateurs publics. Ces derniers sont d’ailleurs la cible privilégiée du RN ces derniers mois.
Rapporteur pour avis depuis sept ans d’une politique publique, celle de la diplomatie culturelle et d’influence (programme 185), dont le budget a largement progressé depuis 2017 (676 M€ en 2025), après une décennie d’érosion constante, je peux témoigner de l’action absolument essentielle de certains opérateurs publics.
À l’heure où le monde voit la conflictualité exploser et les identités belliqueuses s’exprimer de plus en plus fort, nous avons besoin de politiques publiques extérieures dont la mission au travers de leurs opérateurs permet d’apaiser les tensions et de créer les conditions d’un dialogue apaisé entre les cultures et les civilisations. Il en est ainsi du remarquable travail de certains opérateurs dépendant directement de l’État autant que de ceux issus d’organisations de la société civile (missions laïques françaises, France Education internationale, etc.).
À vouloir réaliser des économies de bout de chandelle, c’est toute l’action de ces opérateurs qui pourrait être menacée. Le monde ne s’en porterait pas mieux.