Alors que le XIXème sommet de la francophonie vient de s’achever ce dimanche à Villers-Cotterêts et que nous commémorons aujourd’hui, le terrible massacre du 7 octobre 2023 en Israël, alors que le Proche-Orient est à nouveau à feu et à sang, la voix singulière de la France est-elle encore en mesure de porter ? La diplomatie française doit-elle se réinventer ? Une diplomatie des sociétés civiles peut-elle émerger de ce chaos du monde ?
Je suis de ceux qui considèrent qu’en temps de guerre, la diplomatie culturelle et d’influence ne doit pas se mettre en sommeil. Bien au contraire. Contre la tentation du repli et pour ne pas laisser tonner la seule voix des canons, une diplomatie des sociétés civiles doit s’imposer, en Ukraine, en Palestine, au Liban et ailleurs.
La réouverture du lycée français de Kyiv, par les parents gestionnaires, malgré les réticences de l’administration du ministère, fut un acte fort de la France. Un risque, certes, mais un risque qu’il fallait prendre. Aujourd’hui, le lycée Anne accueille 160 élèves dont quasiment aucun n’est Français. Le lycée français de Jérusalem scolarise de son côté des enfants palestiniens et ses enseignants, formés par la France, sont en grande partie issus de la population franco-israélienne de Jérusalem.
À Villers-Cotterêts, le président de la République a souhaité faire de la francophonie un « espace d’influence diplomatique ». Or, nous avons besoin d’une francophonie portée par des citoyens « éclairés et responsables » (Marc Sangnier) et non « manipulés et assoupis ». Cette réappropriation du sens par les citoyens avec leur dirigeants (et pas forcément contre eux), est une donnée nouvelle, incontournable, des démocraties du XXIème siècle, y compris de leurs actions diplomatiques.
Ainsi, les grandes organisations multilatérales « gouvernementales » doivent-elles passer la main à des organisations plus horizontales, où sociétés civiles, entreprises, enseignants, collaborent directement. Aujourd’hui, il faut moins d’OMC et plus de Conférences des parties (Climat), moins d’ONU et plus d’Assemblées générales de la francophonie, etc. La francophonie doit devenir multilatérale, pas uniquement plurilingue.