Dans le contexte de la guerre en Ukraine, l’évolution des différents pays des Balkans occidentaux revêt une importance capitale pour l’avenir de l’Europe. Les dirigeants de l’UE ont exprimé leur soutien sans ambiguïté à l’intégration des Balkans occidentaux dans l’UE et accordé dans le même temps le statut de candidat à l’Ukraine, à la Moldavie et à la Bosnie-Herzégovine. De nombreuses réformes (politique, économie, sécurité, État de droit…) doivent néanmoins encore être accomplies pour permettre à la région de se stabiliser durablement et de progresser vers l’adhésion.
C’est la raison pour laquelle le bureau de la Commission des affaires étrangères, présidé par Jean-Louis Bourlanges, s’est saisi du sujet en me confiant avec Marine Hamelet, Députée Rassemblement national du Tarn-et-Garonne, une mission relative à l’intégration des Balkans occidentaux. Dans le cadre de cette délégation, du 12 au 17 mars 2023, je me suis rendu avec ma collègue en mission en Bosnie-Herzégovine, en Serbie et en Albanie, afin de dresser un état des lieux de la situation dans les Balkans occidentaux.
La notion de Balkans occidentaux renvoie, selon l’usage diplomatique, aux pays suivants, parfois désignés comme les « Balkans six » : la Bosnie-Herzégovine, l’Albanie, le Kosovo, la Macédoine du Nord, le Monténégro et la Serbie. Au plan géographique, on inclut généralement dans les Balkans les États issus de l’ex-Yougoslavie et l’Albanie, ainsi que la Grèce, la Bulgarie et une partie de la Turquie et de la Roumanie.
Pour ces pays situés au cœur de l’Europe, où la France a fait le choix de se réinvestir avec l’adoption en 2019 d’une stratégie pour les Balkans occidentaux, de nombreux défis doivent encore être relevés. Ces défis sont de plusieurs ordres : consolidation de la démocratie et de l’État de droit, maîtrise des risques sécuritaires, transition énergétique, recul démographique, sans oublier la persistance de foyers de crise internes qui peuvent être déstabilisateurs. Ces enjeux sont étroitement liés à la perspective européenne des pays de la région, qui ont tous a minima déposé leur candidature pour adhérer à l’Union européenne et s’inscrire ainsi dans les pas de la Croatie, dernier pays à en être devenu État-membre, en 2013.
Le 10 mai 2023, nous avons présenté les conclusions de notre mission. Pour dresser cet état de lieux, nous avons fait le choix d’une présentation autour de quatre thématiques prioritaires : les institutions, l’économie et le développement durable, la sécurité et la défense, et la question des nationalités et de la citoyenneté. Les conclusions de notre mission ont été regroupées au sein d’un rapport que nous avons présenté le 10 mai en commission des affaires étrangères.
En ce qui me concerne, je suis convaincu que ces pays représentent l’avenir de l’Europe.
Aujourd’hui, il devient urgent de passer à l’étape suivante et d’accélérer le processus d’intégration, en faisant fi des lourdeurs bruxelloises et de la technostructure européenne. Une partie des Balkans (Slovénie, Croatie, Grèce, Roumanie et Bulgarie) est déjà dans l’UE alors que l’autre, constituée de la Bosnie, de la Serbie, du Kosovo, de l’Albanie, du Monténégro et de la Macédoine du Nord, s’impatiente. Ces pays n’attendront pas éternellement l’UE.
Tous ne sont pas, certes, au même point d’avancement dans le processus d’intégration. Pourtant, beaucoup d’enjeux leur sont communs : réconciliation, développement et transition écologique, éducation, réforme de l’administration publique, lutte contre la corruption, rééquilibrage de la démographie, etc. Ces problématiques doivent être pensées à onze, pas uniquement avec les pays des Balkans dits « occidentaux », mais aussi avec des parlementaires des pays de l’UE ainsi que des représentants de la société civile européenne (cercles de réflexion, ONG, entreprises…).
Pour construire une Union plus forte, il nous faut arrimer définitivement les Balkans à l’Europe. Or, l’UE est trop peu visible aujourd’hui dans les Balkans. C’est le cas, en particulier, de ses investissements, encore trop faibles, dans les infrastructures et l’économie de cette région.