Depuis 2017, l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE) occupe une place centrale dans mon engagement parlementaire. En tant que député des Français établis hors de France et rapporteur du programme budgétaire « Diplomatie culturelle d’influence », je m’efforce de défendre un réseau d’enseignement unique au monde, fondé sur l’ambition d’« excellence accessible » et sur les valeurs qui structurent l’éducation à la française : égalité des chances, ouverture, plurilinguisme et coopération avec les autorités locales.
Dans un contexte international marqué par la fragilisation de nombreux systèmes éducatifs publics et par la montée d’offres privées souvent exclusives, notre réseau constitue une réponse essentielle. L’objectif fixé par le Président de la République – doubler le nombre d’élèves dans les établissements homologués d’ici 2030 – exprime une ambition diplomatique et culturelle majeure : renforcer la présence éducative de la France dans le monde tout en offrant une formation de qualité à un nombre croissant d’élèves français et étrangers.
Depuis plusieurs années, j’alerte toutefois sur les limites structurelles de l’Agence. La crise que traverse aujourd’hui l’AEFE ne provient pas d’un manque de moyens : elle découle d’un organigramme hérité d’une phase de consolidation, devenu inadapté aux défis qui sont désormais les siens. L’Agence doit simultanément assurer la gestion des établissements en gestion directe et piloter le développement d’un réseau appelé à croître rapidement. Cette double responsabilité impose une réforme de fond.
C’est pourquoi je plaide pour une réorganisation structurée autour de ses deux missions essentielles : l’excellence et le développement. L’AEFE doit se doter d’une direction de l’excellence chargée de garantir la qualité pédagogique sur l’ensemble du réseau homologué, et d’une direction du développement responsable de la planification et de l’expansion du réseau en cohérence avec les priorités diplomatiques de la France. Cette évolution doit être accompagnée de la création d’une entité juridique spécifique dédiée à la gestion des établissements en gestion directe, conformément aux propositions que je porte depuis le projet de loi de finances pour 2023.
Déjà en 2020, j’expliquais ma proposition de réforme dans la vidéo suivante :
Cette transformation est non seulement possible mais nécessaire. Elle doit être conduite en mode projet, appuyée sur une feuille de route claire, sur deux contrats d’objectifs et de moyens successifs et sur un pilotage renforcé. Deux mesures peuvent être mises en œuvre immédiatement : la création d’une structure dédiée aux établissements en gestion directe et une évolution du mode de nomination du directeur de l’AEFE afin de renforcer la transparence, la cohérence stratégique et l’exigence de responsabilité.
Cet engagement s’enracine dans une réflexion de long terme, que j’ai partagée dès 2020 dans une lettre ouverte au personnel du réseau. J’y exprimais déjà mon admiration pour les enseignants et pour les cadres de l’AEFE, ainsi que ma conviction que notre réseau doit évoluer pour répondre aux besoins éducatifs du monde contemporain. J’y appelais à davantage de transparence, de redevabilité et de gouvernance partagée, fondées sur la confiance envers l’ensemble des acteurs : les personnels, les familles, les associations gestionnaires et les représentants des élèves.
Dans le cadre de mon rapport budgétaire pour le projet de loi de finances pour 2025, j’ai présenté devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale une série de mesures que je préconise pour relancer d’urgence notre diplomatie culturelle et d’influence, dont la plupart concernent l’AEFE.
L’enseignement français à l’étranger est un réseau vivant, composé d’établissements, de parents, d’équipes pédagogiques et de partenaires qui portent ensemble une ambition commune. Sa réforme ne doit pas être subie : elle doit être construite collectivement, avec patience, lucidité et détermination. Je poursuivrai ce travail avec constance, afin que ce réseau demeure un outil majeur d’influence, d’éducation et de cohésion pour la France dans le monde du XXIᵉ siècle.





